En dehors de sa pratique photographique, Charline Lancel réalise également des collages, souvent centrés sur l’image de la femme, et plus
spécialement sur l’image de Madones entourées de motifs divers. « Ce thème est récurrent dans mon travail. À la base, cela s’est fait inconsciemment. Au fil du temps, je remarque que je cherche
souvent à placer la femme dans un univers naturel. Je recherche une sorte de symbiose entre la femme et l’environnement minéral, animal et végétal. » A mi-chemin entre icône pénétrante et iconoclasme enfantin, ces collages ont pour Charline valeur double : à la fois artistique et thérapeutique. Elle le
dit elle-même : d’un côté, cela a trait à l’enfance, avec la fascination presque fétichiste des livres d’image, des gravures dans les vieilles encyclopédies, etc… mais aussi du contact et de
l’odeur des vieux papiers, qualité d’un temps passé, sensuelle et polychrome, mais également fragile. Une fragilité éprouvée par le travail des ciseaux, « glissant sur le papier
comme des patins sur la glace. » A couper et découper, avec patience et minutie, Charline se calme, se détend, trouve une activité qui repose de la folie du monde ambiant. D’un autre côté, la
pratique du collage en appelle en elle à ce qu’il y a d’impulsif, d’excitant et de spontané. Les images jaillissent, fusent, elles nous interpellent comme directes alors qu’elles sont le fruit
d’un très long travail. Mademoiselle la glaneuse fait les brocantes, recueille des documents, des photographies vieilles d’un siècle, des livres d’images, premier stade d’une gestation qui arrive
tout doucement à maturité. Pas à pas, elle a appris à maîtriser les techniques, les méthodes (en photo comme en collage, Charline est autodidacte *), par une avancée à tâtons prolixe.
De sorte que celle qui a commencé, il y a une quinzaine d’années de cela, par coller des étiquettes sur des meubles, a fait du chemin au point
de remporter cette année, au concours Art’contest, où cinq de ses collages étaient présentés, le prix du public - un prix qui, de son propre aveu, compte le plus pour elle. Ces collages sont accessibles sur le site web, mais contrairement aux photographies, ils n’y sont pas mis en valeur et doivent être vus en vrai pour être
pleinement appréciés. L’univers de Charline Lancel n’exclut pas le mouvement – loin de là. Son rêve serait de réaliser des films ou des
films d’animation, ce qui mettrait à contribution sa pratique photographique et de collagiste. Un collage sans colle, cependant, « où il ne faudrait jamais coller parce que la photo fixerait
l'élément dans son décor. » Et pour que, et pourquoi pas, l’image animée pré-existe à l’image fixe ? C’est là une des nombreuses idées
travaillant l’artiste.
* Charline a toutefois fait ses études secondaires à l’IATA, où elle a suivi des cours d’histoire de l’art et des cours pratiques avec Pierre Courtois.